Amitiés toutes particulières
De retour
d’Afrique du Sud où j’avais fait du bénévolat dans un orphelinat, j’ai cherché à continuer dans le bénévolat en contact
direct avec les personnes.
C’est ainsi qu’un
jeudi du mois de mai dernier j'ai commencé à aller dans une maison de retraite.
En arrivant on me propose l’unité protégée où
sont affectées les personnes atteintes de graves troubles de la mémoire.
Là vous arrivez
comme j’aime à le dire, sur une autre planète, avec des règles du jeu
nouvelles : dépaysement garanti ! La 1ere séance est un peu éprouvante
quand on découvre rapidement, ou peu à peu les handicaps de chacun. Une
personne sans jambe cela m’avait frappé. Un monsieur très gentil qui avait la
visite de son fils et de sa femme, mais il ne parle pratiquement plus… Je
souffrais pour eux.
Il y a aussi la
surprise de voir des personnes qui présentent bien mais qui sont gravement
atteinte quand même. Cette dame très chic qui me demande de la raccompagner en
voiture à Versailles. Mon amie nouvelle aussi dans le service et moi-même étions
prêtes à la raccompagner. En fait elle ne sait pas du tout se repérer dans le
temps et l’espace. Elle réside dans ce service depuis longtemps, mais crois
qu’elle habite à Versailles.
Dès la 2ieme séance
c’est de l’affection que j’éprouve pour eux et non pas de la pitié. Je les prends comme ils sont, même si les
caractères ne sont pas faciles. Je leur pardonne tout. Pour chacun je cherche
ce qui pourrait lui faire un peu de bien et c’est très varié.
Les écouter, leur
parler, chanter, leur faire réciter « la cigale et la fourmi »,
les interroger sur l’histoire de France du XXème siècle. Pour cette malheureuse
aveugle, lui donner ma main qu’elle embrasse fermement.
On peut aussi
avoir de très agréables surprises. Je pense à un monsieur qui m’écoute à chaque
séance sans rien dire et qui l’autre jour a répondu à une question d’histoire
Ou cette femme
qui passe des heures à s’énerver sur les plis de son chemisier et qui avait été
au concert de piano. Quand je l’ai ramenée à sa chambre elle m’a dit : "c’était très émouvant pour moi ce piano".
Bon bien sur,
j’ai quelques déceptions passagères quand j’essaye une nouvelle activité sans succès.
Par exemple la peinture : celle qui voulait en faire n’a finalement pas
voulu le jour ou je suis venue avec mon matériel et le seul qui voulait bien
s’est mis à boire l’eau des pinceaux.
Je dois avouer
que cette activité est une révélation pour moi. Je n’aurais jamais pensé avoir
cette résistance et aimer autant venir ici. J’attends avec impatience le jeudi
suivant
J’ai été très
heureuse également quand une femme qui venait voir sa maman de 95ans m’a dit
que quand sa mère partira, elle viendra en blouse rose.
Je voudrais pouvoir
leur dire à tous, tout le bien qu’ils me procurent et que leur vie enfermée est
aussi utile à d’autres.